Podcast #2 | Gilles Bressand : Comprendre l’industrie pour mieux innover

Mon objectif avec le Podcast Next In Music, c’est de faire intervenir différents profils d’acteurs du secteur de la musique pour leur donner la parole et comprendre leur point de vue sur cette industrie fascinante. Mon affinité naturelle, et mon réseau, est surtout celui des startups de la musique. Je voulais donc pouvoir aussi faire intervenir d’autres types de profils, pour varier les points de vue. Lorsque j’ai rencontré Gilles à l’occasion du MaMA 2017, je me suis dit qu’il était la personne parfaite pour commencer.

Gilles est actuellement Délégué Général du syndicat des Éditeurs de Services de Musique en Ligne (l’ESML, qui regroupe des adhérents comme Orange, Deezer, Qobuz…), avocat à la cour d’appel de Paris ainsi que responsable pédagogique du MBA Management de la Production Musicale à l’ESG. Il a dans le passé été patron de maison de disques, Président du Syndicat National de l’Édition Phonographique (SNEP), Président des Victoires de la Musique… En bref, il a un point de vue unique et très intéressant sur les mutations du secteur.

La variété de son expérience et sa pédagogie nous ont permis de discuter d’un large panel de sujets.

Pour vous y retrouver dans cet épisode, voilà les sujets que nous avons abordés :

• son parcours dédié à l’intérêt général et l’absence de profils transversaux dans le secteur de la musique (01:40)
• le rôle de l’ESML et l’importance que prennent les nouveaux distributeurs de musique en ligne dans le développement de la filière (05:26)
• l’attitude problématique de la filière face au piratage (08:32) et aux nouveaux arrivants innovants (11:07)
• le streaming équitable et les questions qu’il soulève (17:55)
• la blockchain comme outil (24:29)
• les points clés à traiter pour améliorer la situation de la filière face à l’innovation, dont le Value Gap (25:38)
• le rôle d’éducation de l’ESML auprès des nouveaux arrivants sur le marché et de liaison entre ces nouveaux arrivants et les producteurs (30:31)
• la position des éditeurs qui ne facilite pas le développement de la filière (34:35)
• une anecdote qui l’a marqué lors de son passage au SNEP et qui reflète l’esprit de filière de la musique (40:30)
• l’importance de l’enseignement pour comprendre la filière (42:45)
• son conseil aux personnes qui veulent apporter de l’innovation dans la musique, startups comme professionnels (46:23)

Pour bien comprendre : lexique et références

Plaidoyer pro-domo : plaidoyer d’une personne qui se fait l’avocat de sa propre cause

Éditeur de service de musique en ligne : plateforme digitale offrant légalement de la musique en ligne (plateformes de streaming, mais pas uniquement). Les pure players sont des services qui ne proposent que de la musique.

Hébergeurs : les hébergeurs sont des plateformes qui ne font qu’héberger le contenu. En première ligne : YouTube et les réseaux sociaux. Ces plateformes ne sont pas responsables des contenus publiés sur leurs plateformes par les utilisateurs. Elles ont seulement une obligation de retrait des contenus violents, ou dérogeant au droit d’auteur par exemple, a posteriori, lorsqu’ils leur sont signalés.

Sociétés de gestion collective : société en charge de gérer l’exploitation légale des œuvres pour le compte des ayants-droits et la redistribution des revenus collectés. En France la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) est la plus connue mais il y en a plus d’une vingtaine en fonction des ayants-droits représentés dont la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques).

Bureau Export : Association fondée en 1993 et qui a pour mission d’accompagner la filière musicale française dans le développement de ses artistes à l’international.

Éditeurs et producteurs : l’éditeur de musique accompagne et finance les auteurs et les compositeurs. Le producteur (souvent label ou maison de disques) accompagne et finance pour sa part les interprètes, et fabrique, distribue et promeut les œuvres musicales. La difficulté : un artiste peut être à la fois auteur, compositeur et interprète. Le diffuseur

Médiation Hoog “Les 13 engagements pour la musique en ligne” : le Ministre de la Culture de l’époque, Frédéric Mitterrand, a confié en Février 2011 à Emmanuel Hoog une médiation sur la gestion des droits de la musique en ligne. Signée par l’ensemble des parties prenantes du secteur de la musique en ligne et les pouvoirs publics, elle favorise l’accès aux droits des éditeurs de services de musique en ligne, dans des conditions plus stables, plus équilibrées, et plus transparentes, s’agissant en particulier des conditions générales de ventes, des mécanismes d’avance et de minimas garantis.

Minimas garantis : sommes d’argent demandé par les producteurs phonographiques en échange de la mise à disposition de leur catalogue sur les plateformes numériques. Ces minimas correspondent à une avance sur les revenus que ces plateformes doivent reverser aux producteurs à chaque écoute des morceaux de leur catalogue.

Blockchain : la blockchain est l’une des tendances technologiques les plus incontournable du moment, également dans la musique. C’est une technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Elle constitue également une base de données historiques sécurisée, qui permettrait par exemple d’automatiser l’identification et le payement des ayants-droits pour chaque usage d’un morceau de façon automatique.

Value Gap : lié au statut d’hébergeur. C’est un transfert de valeur inéquitable entre les plateformes de streaming vidéo et les ayants-droit de la musique. En France, un streamer sur YouTube rapporte 54 fois moins aux ayants-droits qu’un abonné audio payant.

Neutralité du Net : La neutralité du Net ou la neutralité du réseau est un principe devant garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmise sur le réseau. Cela signifie que les fournisseurs d’accès à Internet ne peuvent pas appliquer des conditions d’accès différentes en fonction des plateformes. Par exemple : demander à ses abonnés 5€ par mois supplémentaires pour pouvoir accéder aux services de streaming.

Loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine : Loi votée le 7 Juillet 2016 qui a pour enjeux entre autres “d’affirmer la liberté de création, et de façon corollaire, la liberté de diffusion et de programmation ; promouvoir la transparence et la concertation dans les industries culturelles”.

Bundle : Mise à disposition et accès à des plateformes légales de streaming en complément d’un autre service, très souvent un forfait mobile. L’utilisateur passe par son fournisseur mobile (qui agit comme tiers-payant) pour accéder à la plateforme de streaming.

Pour la suite

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Musique de générique : Long Time Expected, par Zweeback. Source : Bandcamp, license Creative Commons. Téléchargement.

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